Recueil de poésie de nos écoliers !

Puisque Laralaure a eu la gentillesse de poster à chaque fois les poésie en entier, je propose que nous fassions un recueil.
Ca peut toujours servir en cas d'oubli de cahier

Voyage avec Monsieur Monsieur


Avec Monsieur Monsieur
je m'en vais en voyage.
Bien qu'ils n'existent pas
je porte leurs bagages.
Je suis seul et ils sont deux.

Lorsque le train démarre
je vois sur leur visage
la satisfaction
de rester immobile
quand tout fuit autour d'eux.

Comme ils sont face à face
chacun a ses raisons.
L'un dit : les choses viennent
et l'autre : elles s'en vont;
quand le train les dépasse
est-ce que les maisons
subsistent ou s'effacent ?
moi je dis qu'après nous
ne reste rien du tout.
Voyez comme vous êtes !
lui répond le premier,
pour vous rien ne s'arrête
moi je vois l'horizon
de champs et de villages
longuement persister.
Nous sommes le passage
nous sommes la fumée ...
C'est ainsi qu'ils devisent
et la discussion
devient si difficile
qu'ils perdent la raison.

Alors le train s'arrête
avec le paysage
alors tout se confond.

Jean Tardieu in Monsieur Monsieur, 1951

(Posté par Laralaure le 23 septembre)

Le cancre

Il dit non avec la tête
mais il dit oui avec le coeur
il dit oui à ce qu'il aime
il dit non au professeur
il est debout
on le questionne
et tous les problèmes sont posés
soudain le fou rire le prend
et il efface tout
les chiffres et les mots
les dates et les noms
les phrases et les pièges
et malgré les menaces du maître
sous les huées des enfants prodiges
avec des craies de toutes les couleurs
sur le tableau noir du malheur
il dessine le visage du bonheur.

Un poème de Jacques Prévert

(Posté par Laralaure le 8 septembre)

Mon fils

C'est par une fraiche nuit que tu es né
Toi petit etre aux yeux si clairs
A qui j ai donné pour l éternité
Le désir de vivre sur notre terre

Tu aimes la musique
Et tu danses sur cet air
Tout aussi folklorique
Que j ai choisi pour te plaire

Puis tu t endors , tranquille
Quand tu te réveilles, décidé
Tu te remets à danser, habile
Comme un petit singe éveillé

De jour en jour, tu te métamorphoses
Et nous sommes là, devant toi,
Eblouis de te voir devenir si grandiose

Le dictionnaire se réveille en sursaut...

Le dictionnaire se réveille en sursaut
il voit la fenêtre ouverte
et un mot qui court entre les herbes

Il appelle
le mot soldat
et lui montre
le mot qui s'enfuit

Le soldat hoche la tête
glisse de sa page
et sort par la fenêtre

Dehors
il court
sur le chemin d'herbe froissé
jusqu'à la clôture
en fils barbelés

Le soldat voit bouger
sous la feuille d'un trèfle
le mot qu'il cherche
il se penche
et reconnait le mot
liberté

Le soldat revient
par le chemin d'herbe froissée
passe par la fenêtre
s'allonge en face de sa définition
et dit au dictionnaire
je ne l'ai pas trouvé

Hubert Mingarelli

Vous me copirez deux cents fois le verbe :
Je n'écoute pas. je bats la campagne.

Je bats la campagne, tu bats
Il bat la campagne à coups de bâton.

La campagne, pourquoi la battre ?
Elle ne ma jamais rien fait

C'est ma seule amie la campagne
Je baye aux corneilles, je cours la campagne

Il ne faut jamais battre la campagne
On pourrai casser un nids et ses oeufs

On pourrai briser un iris, une herbe
On pourrai fêler le cristal de l'eau

Je n'écouterai pas la leçon.
Je ne battrai pas la campagne

Claude roy

Le viel homme et le chien

Transparent au regard des passants trop pressés,
Un viel homme est assis, transi et affamé,
Sous un porche à l'abri des frimas de janvier.
Il implore un sourire, une pièce de monnaie.

Passe un chien dans la rue, un chien de pédigree.
Une voiture suit, heurte le canidé.
Aussitôt extirpés de leurs logis douillet,
Accourent de partout des bourgeois empressés.

"Ne le laissez pas là, amenez-le chez moi,
J'ai une couverture afin qu'il n'ait pas froid !"
Quelques instants après, l'animal est pansé,
Dorloté, réchauffé, maintes fois caressé.

Au dehors dans la rue le silence est tombé.
Tout le monde est rentré, a fermé ses volets.
Sous son porche à l'abri des frimas de janvier,
Le vieil homme soudain s'est mis à aboyer.

Daniel Boy

Regards

Regardez-le!
c'est un inconnu
On n'la jamais vu.
L'a une drôle de tête!
L'a l'air bête!
Regardez-le
L'est trop moche
Pour quej'l'approche.
Regardez-le
C'est un ennemi
Qui me sourit.

Qui me sourit?
Qu'à l'air gentil?
Le doute m'envahit.
Et, et si...
Nous étions des amis?

Paul Degray

Cette poésie c'est moi qui l'est écrite :

Quand pensez-vous

C'est très joli Tite Rose ! Bravo !
Continue !

Tiens je vais partager un poème avec vous.
C'est un poème de Rimbaud qu'un de mes zamis m'a scanné et envoyé :

j'en est fait plein d'autre mais je ne le saime pas trop elle sont un peu tro gnan-gnan

Pas grave lol
Ca va venir, puis la poèsie, ça va avec l'humeur...Essaye d'en faire un quand tu es en colère

roserouge a écrit:

Quand pensez-vous

ba moi j'ai cru que c'était d'un "vrai" poete !! lol j'avais pas lu que c'était toi qui l'avait fait et je me suis aperçu de rien donc la preuve qu'il est bien

roserouge a écrit:

Pardon je ne les aime, pas je ne le saime

mais si, tu les sèmes et nous les récoltons; RoseRouge, vas-y continue, mets tes colères et tes joies.

peut-être dans une autre rubrique? par ex "créations personnelles" dans "le coin des lecteurs"?

En CM1, j'ai appris Les Conquérants de José Maria de Hérédia. Je ne sais pas si ça se ferait encore de nos jours :

Les conquérants

Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d'un rêve héroïque et brutal.

Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde Occidental.

Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d'un mirage doré ;

Ou penchés à l'avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l'Océan des étoiles nouvelles.

Ché pas pochible ! Moi auchi che la chavais chur le bout du doigt !
(ch'ai mal aux dents)

Je viens de lire dans le journal "Paru vendu" un beau poème de Annie Jagodzinski qui me rappelle plein de souvenirs... Le voici...

PAPA MINEUR

La mine et le charbon
Sont souvenir d'enfance;
Tu partais pour la mine
Maman comptait les heures, patience !
La fin du poste avait du bon,
Tu nous revenais des abîmes,
Des profondeurs du trou, Tu revoyais enfin le jour !..
Ta musette en bandoulière,
Déposant ton bleu aux écrous,
Le corps épuisé et lourd
Tu nous revenais des houillères

Tes yeux fatigués, aux contours noircis
Comme pour mieux souligner l'amour
Que tes bras et ton coeur nous offraient,
Moi, j'y étais bien, tu sais
Ils m'étaient un abri aussi.
Mon coeur s'en souviendra toujours.
En fermant les yeux, j'imagine tes mains meurtries,
Noires, même bien lavées !
Je me revois encore te porter ta musette,
Et puis à ton retour t'accompagner à ta sieste,
Le coeur heureux, pour quelques heures, de braver
Par nos fous rires complices
Qui illuminaient ma figure pleine de malice,
Ce temps assassin qui arrache la vie
En faisant tomber sur lui, le chagrin et la pluie !

Puis, un beau jour, tu es parti...
Je repense à tous ces jeudis !...
Aujourd'hui, tu es bien loin de ces puits,
Des mines qu'ils ont fermées, comblant les galeries...
Le passé de la ville sombre dans l'oubli.
Pourtant papa, j'aurai toujours au fond du coeur
Des pleurs pour toi, couleur de suie....

Très très beau, et surement très fière d'avoir eu ce papa là!

Le Pont Mirabeau

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure


Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

Un petit Rimbaud, pour continuer dans les souvenirs de collège et lycée :

Sensation


Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.


Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme.


Mars 1870

Sauf que si Rimbaud avait été honnête il aurait écrit "heureux comme avec un homme", mais ça ne rimait plus avec l'âme !
Signé : Lapin iconoclaste
(C'était chouette aussi mis en musique par Léo Ferré)

lapin lapin ,tu me gâches tout le plaisir que j'ai à lire ces poèmes et tu devrais savoir que la vie privée des autres ne regarde personne d'autres.